lundi 31 octobre 2011

Le rôle politique du roi Albert II en 1997

Le 14 janvier, les souverains visitent le Bureau Central de Recherches de la gendarmerie en compagnie des parents de 25 enfants disparus. Deux semaines plus tard, la reine Fabiola remet à la famille de Loubna Ben Aïssa (disparue en 1992 à Ixelles) le Prix des Médias 1996 de la Fondation Roi Baudouin.

Dans son discours de Nouvel An 1997 aux corps constitués, le Roi invite les autorités à l' "humilité et la remise en question", évoque la maltraitance des enfants et se prononce pour un centre européen pour la recherche des enfants disparus, avant de répéter la promesse du couple royal de participer activement à la lutte pour la protection et le respect de la dignité des enfants en mémoire de Julie, Mélissa, An et Eefje.

Dans la nuit du 5 mars, des enquêteurs découvrent dans le sous-sol d'une station-service d'Ixelles les restes de Loubna, disparue et décédée en 1992. La Belgique retombe dans l'horreur et l'indignation : comment le Parquet de Bruxelles n'a-t-il pas enquêté sur Patrick Derochette, un pédophile déjà emprisonné et habitant à 100m du domicile des Ben Aïssa?

Dès le lendemain, le Roi téléphone à la famille de Loubna et les invite à se rendre au château de Laeken pour une nouvelle rencontre avec le couple royal. Le 8 mars, les funérailles ont lieu à la grande mosquée de Bruxelles en présence de parents d'enfants disparus, de Claude Lelièvre, de Marie-France Botte, d'un aide de camp du Roi et de plusieurs responsables politiques. Le corps de Loubna est ensuite inhumé à Tanger au Maroc, d'où est originaire la famille Ben Aïssa, en présence de 10.000 personnes.

En tant que sénateur de droit, le prince Philippe assiste à la séance du 19 mars de la Commission de l'Intérieur et des Affaires Administratives du Sénat sur la création d'un centre pour la recherche des enfants disparus à Bruxelles. Quelques jours plus tôt, le Roi avait reçu en audience le responsable du projet, Pierre-Martin Neirinckx. Ce n'est pas un hasard si ce dernier est un collaborateur de la Fondation Roi Baudouin... Albert II était bien décidé à faire tout ce qui était en son pouvoir pour que ce centre voit le jour.

La reine Paola se rend le 25 avril incognito au domicile des Ben Aïssa à Ixelles pour leur apporter son soutien dans leur recherche de la vérité et pour les féliciter à l'occasion de la naissance du petit Zaccharia. Notre souveraine avait beaucoup de respect et de sympathie pour la dignité de cette famille immigrée (la grande soeur Nabela en particulier).

Le 21 mai, le Roi, la Reine, la princesse Astrid et le prince Lorenz participent à l'inauguration dans le parc royal de Bruxelles de la sculpture de Jean-Michel Folon, "Le messager", dédié aux enfants disparus. Parmi les nombreux élèves venus avec leurs enseignants, on a reconnu Amedeo et Maria-Laura, les enfants de la princesse Astrid. Quatre jours plus tard, le couple royal assiste à la séance d'ouverture du forum national "Les enfants nous interpellent", organisé au palais des Congrès de Bruxelles par la Commission Nationale contre l'exploitation sexuelle des enfants.

Au cours de ce premier semestre de 1997, Albert II suit avec attention les travaux de la commission de la Chambre sur les disparitions d'enfants : il reçoit en audience son président Marc Verwilghen, ses rapporteurs Renaat Landuyt et Nathalie de 't Serclaes, deux autres députés membres Tony Van Parys et Vincent Decroly. Des parents d'enfants disparus sont aussi conviés au palais royal, comme Marie-Noëlle Bouzet, la mère d'Elisabeth, le 23 juin.

Mais le Roi n'oublie cependant pas la politique étrangère de la Belgique : il se rend en mars aux sièges de la Commission Européenne et de l'Otan à Bruxelles. Quelques mois plus tôt, il avait été le premier chef d'Etat à rendre visite à l'Etat-Major de l'Eurocorps à Strasbourg. Dans son discours devant le conseil de l'Otan, Albert déclare notamment :

"Notre continent doit faire face à de nouveaux défis. L'Alliance assume, elle aussi, une responsabilité importante dans les réponses qui y seront apportées. En effet, l'Alliance a non seulement pour mission d'assumer la protection des Etats membres, mais sa responsabilité historique en matière de paix et de prospérité est plus large et s'étend à tout le continent.

L'élargissement de l'Otan est une de ces questions historiques. La solidarité accrue et une coopération plus poussée augmenteront la stabilité de notre continent et le bien-être de nos populations. L'histoire ne nous enseigne-t-elle pas à profusion que les lignes de fracture en Europe furent toujours à l'origine de tensions et de conflits? Par ailleurs, l'Alliance est encore interpellée par une autre sollicitation. Les progrès de l'intégration économique et politique de l'Europe suscitent par eux-mêmes un besoin grandissant d'identité européenne en matière de défense et de sécurité. Au sein de cette organisation également, l'identité européenne peut être renforcée dans un esprit de solidarité transatlantique.

Alors que l'Alliance se trouve au seuil d'une phase nouvelle de son existence, je tiens à répéter ici, solennellement, que la Belgique maintiendra ses efforts pour que l'Otan puisse assumer sans relâche son rôle de garant de la paix. Depuis plus de trente ans, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord s'est fixée à Bruxelles. Elle y est bien enracinée et une longue tradition de coopération et de dialogue s'est établie entre son secrétariat et mon pays. Lorsque nos amis d'Europe centrale et orientale, avec lesquels nous avons désormais tant d'affinités, auront rejoint l'Alliance, ou auront développé avec elle des liens privilégiés, alors encore mon pays se sentira appelé à accueillir cette Otan renouvelée. En tant que pays hôte, la Belgique, comme par le passé, ne ménagera aucun effort pour assurer le bon fonctionnement de l'Alliance du XXIème siècle".

Dans son discours télévisé du 21 juillet 1997, le Roi évoque les réformes de la justice entreprises par le gouvernement fédéral et les Assises de la Démocratie organisées par le président de la Chambre Raymond Langendries. Il parle aussi de la situation économique de notre pays :

"Dans la lutte pour l'emploi, des changements sont perceptibles et méritent d'être stimulés. Des mesures ont été prises pour diminuer les cotisations de sécurité sociale et donc le coût du travail. Elles devront être renforcées dans la limite des moyens budgétaires disponibles. Par ailleurs, les efforts consentis pour introduire une plus grande flexibilité dans les entreprises doivent être poursuivis. Il en va de même dans la répartition du volume de l'emploi. Exploitons davantage et sans a priori les perspectives offertes par le travail à temps partiel.

Chacun perçoit mieux la priorité à accorder à l'emploi par rapport à l'accroissement des rémunérations. Les opportunités offertes par la société de la connaissance et des communications, de même que notre position centrale dans une Europe en pleine mutation, doivent stimuler notre esprit d'entreprise et d'innovation. Nous devons donc créer des activités nouvelles, en particulier par l'intermédiaire des petites et moyennes entreprises.

Il me semble, par ailleurs, que dans ces différents domaines, des convergences d'opinion se développent chez les partenaires sociaux tant au niveau fédéral que dans chacune de nos régions et je voudrais réitérer ici l'appel au consensus social pour l'emploi que je lançais, il y a quatre ans, lors de ma prestation de serment".

Lors de son voyage d'Etat en Autriche en octobre 1997, le Roi évoque la construction européenne lors du dîner de gala : "Bientôt, l'Union envisagera son élargissement qui correspond d'ailleurs à sa vocation historique. L'Autriche connaît bien nos futurs partenaires d'Europe centrale et de l'Est. Elle pourra donc jouer un rôle de premier plan dans les négociations qui s'annoncent. Mon pays espère que l'étroite coopération avec l'Autriche se poursuivra au sein de cette Union élargie. Dans ces différents domaines, la conférence intergouvernementale a posé des jalons importants, mais l'avenir de l'Union exige davantage. L'Europe ne réussira bien que si elle parvient à répondre en termes simples aux préoccupations des gens, à leurs inquiétudes et à leurs espoirs. Ainsi, nous devons être particulièrement attentifs aux aspirations exprimées lors des funérailles de Mère Térésa et de la princesse de Galles par des millions de personnes. Elles demandent un monde moins technocratique, un monde plus humain, plus chaleureux, plus attentif à la pauvreté et à toutes les détresses. L'Europe réussira bien lorsque nous cesserons de rechercher uniquement nos intérêts propres et immédiats".

Dans ce discours, il déclare également : "Votre pays a récemment, et plus que d'autres sans doute, été le témoin des horribles conflits ethniques dans les Balkans. Nombreux furent ceux qui fuyant la guerre et la dictature dans ces régions bouleversées, trouvèrent un refuge en Autriche. Il est clair que ces immigrants nous font prendre une conscience plus aigüe des droits et des libertés des autres et qu'il ne suffit pas de reconnaître leur altérité mais qu'il faut aussi l'accepter. Des pays comme les nôtres sont appelés à montrer l'exemple en matière de tolérance et de respect de l'autre, car aucun peuple ne peut vivre uniquement pour lui-même". Quelques années après ce discours, l'extrême-droite entre dans le gouvernement autrichien... Au cours de l'année 1997, Albert II a reçu en audience à deux reprises Johan Leman, le directeur du Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme.

Après avoir à nouveau rencontré quelques parents, le couple royal organise le 23 octobre une seconde table ronde au palais royal, au cours de laquelle la Commission Nationale contre l'exploitation sexuelle des enfants présente son rapport. Les parents trouvent cependant cette réunion moins constructive que la première. Dans son discours de Noël, le Roi évoque de nouveau l'enfance maltraitée, mais la replace dans un contexte plus vaste : celui de la violence qui mine une société en perte de valeurs.

Accompagnés du premier ministre Jean-Luc Dehaene et du ministre des Transports Michel Daerden, le Roi et la Reine rehaussent de leur présence le voyage inaugural du Thalys qui met Paris à 1h18 de la gare de Bruxelles-Midi. Accueillis le 10 décembre par le ministre français des Transports et le président de la SNCF, nos souverains prennent la direction du palais de l'Elysée pour un déjeuner avec le président de la République Jacques Chirac et son épouse Bernadette.

L'unité de la Belgique reste une préoccupation constante pour Albert II qui en parle dans ses deux discours télévisés de l'année 1997. Ainsi le 21 juillet :

"Tout au long de l'année, j'ai perçu chez de très nombreux citoyens, dans chaque région, beaucoup de signes montrant clairement combien notre société multiculturelle, où plusieurs langues sont utilisées, est considérée comme une source de richesse tant sur le plan humain que sur le plan économique et social. Beaucoup, hors de nos frontières, voient en notre pays un modèle possible pour la coexistence harmonieuse des différentes cultures européennes, coexistence basée sur le respect mutuel et le soutien réciproque. Certes, notre histoire nous a appris à nous battre pour l'autonomie de nos cités, de nos provinces et de nos régions, mais cette histoire nous enseigne aussi que les défis importants n'ont été relevés avec succès que dans l'union de nos forces".

Nouvelle allusion dans le discours de Noël : "En reprenant une idée chère à mon frère le roi Baudouin, j'aimerais insister sur le fait que notre pays a la chance de se trouver au confluent des grands courants culturels européens. Chacun de nous peut ainsi, tout en étant enraciné dans sa propre culture, s'enrichir de celle de l'autre. Cela suppose évidemment un effort d'écoute, un esprit curieux, ouvert et tolérant. Encourageons cet enrichissement réciproque. Ses effets bénéfiques se répandront dans tous les aspects de notre vie en commun, qu'ils soient culturels, politiques, économiques ou sociaux. Rejetons ce qui divise et sépare ; encourageons ce qui rassemble et unit".

lundi 24 octobre 2011

Le rôle politique du roi Albert II en 1996 (2ème partie)

La semaine suivante, le Palais annonce que le Roi avait de Châteauneuf-de-Grasse téléphoné aux parents d'An et Eefje, disparues à Ostende un an plus tôt. La presse francophone critiqua ce soudain soutien aux parents des deux Flamandes. Le 3 septembre, on retrouve les corps d'An et Eefje à Jumet dans la propriété d'un complice de Dutroux. Tout le pays se retrouve une nouvelle fois en deuil. Les parents des deux victimes acceptent un représentant du Roi aux funérailles, malgré un protocole désuet et inadapté à de telles circonstances.

Entretemps, revenus de vacances, les souverains reçoivent longuement durant plusieurs jours les familles des nombreux enfants disparus, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, Marie-France Botte, les responsables de l'asbl Marc et Corine, et le magistrat national André Vandoren. Les parents de Julie et Mélissa acceptent l'invitation et règlent leur différend avec le Roi, qui s'engage à ne plus signer de grâce royale sans avoir eu connaissance au préalable du dossier du détenu. Certains observateurs affirment que ce serait la reine Paola, profondément choquée par l'affaire Dutroux, qui aurait suggéré à son époux de recevoir les parents au palais royal. Au cours de leur règne, c'est la seule fois où la Reine a participé aux audiences du Roi.

Dans le livre "Paola : de la dolce vita à la couronne" de Mario Danneels, Betty Marchal (la maman d'An) raconte cette rencontre : "Au palais, Paul a longuement raconté notre histoire. Nous avons été reçus pendant 1h30, ce qui est rare pour une audience. Mais le Roi et la Reine prenaient leur temps. Ils étaient intéressés par le récit des événements. Ils nous ont posé des questions. Paul aussi, ce qui est contraire au protocole. Et il a clarifié certains points. Le secrétaire personnel du Roi devait prendre force notes et j'avais l'impression qu'elles n'étaient pas destinées à finir dans la corbeille à papier. La Reine a même pleuré. Je peux simplement en conclure qu'elle est un être humain comme les autres. Ce n'est pas parce qu'on est une reine que l'on ne peut plus avoir de sentiments comme les autres gens. Elle était profondément indignée en apprenant que l'enquête avait été une succession de gaffes. C'est inouï la façon dont cette enquête a été menée ou plutôt n'a pas été menée. Paola a elle-même trois enfants et je pense qu'elle essayait de se représenter quel drame c'était pour nous".

Nabela Ben Aïssa, la soeur de Loubna, témoigne dans son livre "Au nom de ma soeur" : "Je m'y suis rendue avec mes parents et je dois avouer que le contact s'est passé autrement que ce à quoi je m'attendais. Avant de mettre le pied au palais, je pensais que ce serait une rencontre très froide, très formelle. Au contraire, j'ai vraiment ressenti la préoccupation du Roi et de la Reine. J'ai l'impression qu'aussi bien lui qu'elle, un peu comme Monsieur Tout-le-Monde, ont vécu ces disparitions une à une et n'ont pas ressenti l'atrocité du drame de chacune des familles. Quand nous leur avons expliqué petit à petit notre histoire, comment l'enquête s'était passée, ils ont été fort touchés. Ils le montraient sans gêne, tout simplement. Cela n'avait plus rien de formel. Je crois que c'était vraiment sincère".

Dans le premier numéro de "La Marche Blanche" paru en juin 1997, Carine Russo (la maman de Mélissa) écrit : "Des milliers de personnes veulent nous dire qu'ils ne peuvent pas comprendre, pour nous aider ainsi à affronter la cruelle réalité. Ceux que nous rencontrons ne parlent plus qu'avec les yeux. Même Paola, épouse, mère et souveraine, dans le palais où nous nous trouvons un peu plus tard. Paola, qui est avant tout le symbole de la féminité, de la douceur et du charme, tourne maintenant dans la ronde, émue jusqu'aux larmes. Elle commet ces petites maladresses qui la rendent tellement plus humaine, plus authentique. Paola, une reine qui paraissait si lointaine et qui est soudain si proche. Une femme de chair et de sang qui nous regarde, éperdue d'impuissance, et qui ne sait plus que dire".

Au terme de ces audiences, le Palais diffuse le 10 septembre 1996 un communiqué qui ne passe pas inaperçu :

"Ce midi, le Roi a reçu le ministre de la Justice pour lui transmettre une liste d'observations et de questions suite aux rencontres qu'il a eues avec les familles. Le Roi a rappelé qu'une clarté totale doit être faite sur ce drame, ses origines et toutes ses ramifications. Sur le plan national, le Roi s'est engagé vis-à-vis des familles des victimes à poursuivre avec elles, ensemble avec le ministre de la Justice, des spécialistes et des hauts fonctionnaires compétents, un dialogue concret sur les mesures prises et à prendre pour combattre la pédophilie et la traite des êtres humains chez nous, en Europe et dans le monde. Une première réunion aura lieu en octobre.

Il est en outre certain que sans porter atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire, essentielle à notre démocratie, une réflexion de fond doit être conduite et poursuivie, qui doit mener à une justice plus humaine et plus efficace. Elle doit aussi mettre en place les contrôles internes et externes, et une formation plus adéquate pour permettre au pouvoir judiciaire de mieux faire face à l'évolution de la criminalité. Il ne s'agit pas de généraliser les critiques mais de corriger et d'améliorer ce qui doit l'être là où c'est nécessaire. Tous ceux qui sont engagés dans les enquêtes judiciaires doivent être encouragés à poursuivre leurs efforts jusqu'au bout.

Sur le plan international, une réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur des pays de l'Union Européenne se tiendra à la fin de ce mois et sera consacrée notamment à la répression de la pédophilie et la traite des êtres humains. Nos ministres y préciseront un certain nombre de mesures concrètes prises par la Belgique et qui devraient être renforcées à l'échelle européenne. Une autre action sera également menée au sein des Nations Unies pour combattre ces fléaux à l'échelle mondiale. Le ministre de la Justice a également informé le Roi des résultats des réunions concernant l'enquête sur l'assassinat du ministre d'Etat André Cools. Là aussi, toute la clarté doit être faite".

Si la presse salue cette prise de position énergique d'Albert II, certains constitutionnalistes et le président du PRL Louis Michel estiment que le Roi dépasse son rôle constitutionnel et que le débat sur la pédophilie doit se tenir au parlement et non au palais royal. Il faut cependant noter que ce communiqué inédit avait reçu l'aval du gouvernement Dehaene II. Des observateurs font aussi remarquer que c'était la première fois que le Palais transgressait le secret du contenu des colloques singuliers du souverain ("On ne dévoile pas la Couronne"), surtout lorsqu'un ministre y est rappelé à l'ordre.

Le 2 octobre, la reine Paola assiste à Bruxelles à une après-midi d'information sur les droits de l'enfant dans certaines procédures juridiques. Début octobre, le Roi reçoit à nouveau en audience Marie-France Botte et le magistrat national André Vandoren, mais aussi Patsy Sörensen (échevine écologiste qui se bat contre le trafic d'êtres humains à Anvers) et Sophie Wirtz (présidente de l'asbl Mouvement du Nid qui lutte contre la prostitution des jeunes). En cette période troublée, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck est convoqué au palais royal les 30 août, 6 septembre, 10 septembre, 18 septembre, 4 octobre et 10 octobre!

Comme convenu, le Roi, la Reine et le ministre de la Justice organisent le 18 octobre une grande table ronde au palais royal. Les parents des enfants disparus et les experts de la Commission Nationale contre l'exploitation sexuelle des enfants avaient été conviés. Albert II prononce un discours critique sur le système judiciaire, ce qui irrite un certain nombre de magistrats qui boudent les Te Deum organisés dans tout le pays le 15 novembre pour la fête du Roi :

"Ce que nous avons vécu en Belgique avec la disparition et la mort d'enfants innocents dans des circonstances horribles constitue une véritable tragédie nationale. Je le répète : une clarté totale doit être faite sur ce drame, ses origines et toutes ses ramifications, et cela dans un délai raisonnable. La Reine et moi sommes convaincus que cette tragédie doit maintenant être l'occasion d'un sursaut moral et d'un changement profond dans notre pays. Cela suppose d'abord de la part de chaque autorité une attitude d'humilité et de remise en question. Une des tâches essentielles de l'Etat est d'assurer la sécurité de tous les citoyens, et en particulier les plus vulnérables : nos enfants. Il faut reconnaître que dans ce cas ce fut un échec, de nombreuses erreurs ont été commises, et dans les contacts avec les familles des victimes, il y a eu un manque d'humanité.

Ecouter attentivement les familles des victimes, tirer des conclusions de leurs témoignages, voilà ce qu'il faut faire pour stimuler le changement. C'est une raison importante de notre rencontre cet après-midi. Le changement est aussi l'affaire de chaque citoyen. Il suppose l'engagement de tous. Ce qui s'est passé doit nous convaincre que le citoyen responsable en collaborant avec d'autres, notamment avec les services de sécurité, peut contribuer à éviter beaucoup de drames. Je pense aux personnes qui ont donné le signalement du véhicule ayant servi à l'enlèvement de Bertrix. Elles ont permis à des enquêteurs efficaces et motivés de faire des progrès décisifs et d'éviter d'autres crimes. Je pense aussi aux volontaires et aux associations qui assistent des citoyens et leurs familles dans leurs contacts avec la Justice.

Le changement sera une oeuvre de longue haleine, mais il se fera, j'en suis convaincu. Il faudra persévérer, tenir bon, car changer les mentalités et les règles de la société ne s'accomplit pas du jour au lendemain. Il faudra aussi rester vigilant pour ne pas tomber dans l'ornière. Suivre et accompagner ce changement, c'est une autre raison de notre rencontre d'aujourd'hui. Nous garderons à l'avenir le contact avec les familles.

Je voudrais aussi m'adresser à celles et ceux d'entre vous qui organisent la marche blanche de solidarité de dimanche à Bruxelles. Par votre initiative, vous voulez attirer l'attention de toute la Nation sur ce qui doit changer dans notre société pour que la sécurité et la dignité des enfants soit respectée partout. Je vous encourage à le faire dans un esprit constructif et de respect de nos institutions démocratiques. Lutter pour empêcher que d'autres enfants ne soient victimes de maltraitance, ici mais aussi ailleurs dans le monde, c'est l'engagement que nous prenons, la Reine et moi, vis-à-vis de tous ceux qui souffrent de la disparition ou de la mort d'un enfant".

Après ce discours, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck expose les mesures déjà prises par le gouvernement et celles qui restaient à prendre. La Commission Nationale contre l'exploitation sexuelle des enfants a ensuite été mise sur pied. Puis, les parents ont pu formuler leurs observations et poser des questions. Pour clôturer cette table ronde, nos souverains ont offert une réception à la septantaine d'invités.

Le 20 octobre 1996, jour de la marche blanche qui a vu défiler 325.000 personnes dans les rues de Bruxelles, nos souverains s'envolent pour leur voyage d'Etat au Japon prévu de longue date. Le Roi y confie au ministre des Affaires étrangères Eric Derycke son étonnement face à l'ampleur de cette marche et sa joie de voir la solidarité entre tous les Belges.

Au cours de ces semaines agitées, Stefaan De Clerck a été très proche du couple royal et avait compris que le gouvernement fédéral avait besoin du soutien symbolique du chef de l'Etat, afin d'éviter des troubles dans le pays. En juillet 2003, il témoigna au journal "La Libre Belgique" :

"Le communiqué du Roi vous a-t-il surpris?
- C'est une communication qui a suscité des réactions aussi au sein du gouvernement. Mais il a couvert le Roi sans aucun problème. Le Roi avait très bien analysé la situation. Cela a été accepté par les responsables politiques. C'était un peu exceptionnel mais la situation était exceptionnelle. Le pays était très secoué. Il était adéquat que le Roi intervienne d'une manière forte.
- La communication fonctionnait-elle bien entre le Palais et la rue de la Loi?
- Il y a eu des contacts très intenses, presque journaliers, entre le Roi (et la Reine, j'insiste, parce que c'était aussi exceptionnel) et les responsables politiques depuis la mi-août jusqu'au 20 octobre 1996, date de la marche blanche. Les souverains ont reçu ensemble les parents de toutes les victimes. Tout s'est fait en collaboration avec le cabinet de la justice, comme les deux tables rondes. Il me semble que c'est le dossier que les souverains ont suivi le plus attentivement.
- Estimez-vous que cet intérêt du Palais a été positif?
- Oui. Cela a joué une toute grande importance. Je pense que c'est grâce à la table ronde qui s'est tenue au palais le 18 octobre et au discours du Roi devant les caméras de télévision que la manifestation prévue deux jours plus tard est devenue une marche blanche. Cela a apporté de la sérénité au dossier et permis d'éviter une manifestation violente. Les parents sont sortis du palais avec un message positif".

Le 14 décembre, la reine Paola assiste à Bruxelles à la Journée Mondiale "Prostitution des jeunes : tous, acteurs de prévention" organisée par l'asbl Mouvement du Nid. Elle avait demandé à Marie-Noëlle Bouzet, la maman d'Elisabeth Brichet (disparue en 1989 à Saint-Servais), de l'y accompagner. En cette fin d'année 1996, le couple royal rencontre les parents de Christel Dispa, une fillette enlevée, violée et assassinée dans les années 80. Le Roi reçoit en audience en décembre le président de la commission de la Chambre sur la disparition d'enfants Marc Verwilghen, le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, le directeur général de l'administration des établissements pénitentiaires Jacques Devlieghere, ainsi que des responsables de l'asbl SOS Enfants et de l'asbl SOS Incest.

A année exceptionnelle, discours de Noël exceptionnel : le Roi consacre l'intégralité de son allocution aux événements tragiques du second semestre de 1996. Il énonce notamment en douze points les souhaits des Belges (lui y compris) :

"Nous voulons que dans notre pays et partout dans le monde l'éducation des enfants devienne une priorité et que leur dignité soit respectée.
Nous voulons un pays où parents et enfants dialoguent, passent plus de temps ensemble, cheminent ensemble.
Nous voulons une société où les médias audiovisuels et la publicité montrent moins de violence et respectent davantage la femme en ne la considérant pas comme un objet.
Nous voulons que la poursuite de la richesse matérielle soit moins prioritaire dans l'existence et que les joies simples de la vie, notamment celles de la famille, y occupent une plus grande place.
Nous voulons un pays où les familles immigrées soient pleinement intégrées dans notre vie nationale, comme ce fut le cas à l'occasion de la marche blanche.
Nous voulons qu'à tous les niveaux, la solidarité soit plus réelle et que les égoïsmes personnels ou collectifs ainsi que le racisme ne trouvent plus leur place.
Nous voulons un pays qui soit plus solidaire aussi avec ceux qui souffrent dans le monde et notamment les réfugiés en Afrique centrale.
Nous voulons que la justice soit plus humaine, plus efficace et que le secret de l'instruction soit respecté.
Nous voulons un pays où Flamands, Wallons et Bruxellois marchent ensemble, côte à côte, comme ils le firent dans la marche blanche.
Nous voulons que tous ceux qui exercent une autorité publique soient intègres et se considèrent au service de la population.
Nous voulons une société où se développe une nouvelle forme de citoyenneté responsable et où chacun est disposé à s'engager concrètement.
Bref, nous voulons que le respect de chaque personne humaine soit une attitude naturelle de chacun".

lundi 17 octobre 2011

Le rôle politique du roi Albert en 1996 (1ère partie)

Avec de nombreux chefs d'Etat et de gouvernements étrangers, le roi Albert et la reine Paola assistent, le 11 janvier 1996, à un service solennel à la cathédrale Notre-Dame de Paris à la mémoire de François Mitterrand, président de la République française entre 1981 et 1995. Le roi Baudouin l'appréciait beaucoup et avait été très touché par sa visite privée lors de son hospitalisation à Paris pour des problèmes cardiaques au début des années 90.

Dans son discours de Nouvel An 1996 au palais royal, Albert II suggère aux autorités politiques de rapprocher l'école et l'entreprise : "Cela suppose l'ouverture de l'éducation sur le monde du travail. Il est important que l'entreprise soit impliquée dans l'effort de formation, non seulement de ses salariés mais aussi des jeunes et des adultes qui n'ont pu réussir dans les systèmes traditionnels d'éducation. Récemment, à Bruxelles, j'ai pu entendre les responsables d'une importante société d'électricité m'informer des programmes d'insertion de jeunes chômeurs qu'ils avaient développés avec succès dans leur entreprise. Enfin, le développement de la coopération entre établissements d'éducation et entreprises peut se réaliser par l'apprentissage. J'ai pu constater, en Allemagne, combien l'apprentissage en alternance donnait des résultats intéressants".

Au cours de l'année 1995, Julie et Mélissa disparaissent à Grâce-Hollogne. La famille de Mélissa Russo écrit plusieurs lettres au Palais, afin de demander une aide financière pour de nouvelles campagnes d'affichage et l'accélération de l'enquête qui tournait en rond. Les conseillers du Roi leur répondent inlassablement qu'il fallait faire confiance en la gendarmerie et la police, et que l'asbl Les Oeuvres de la Reine n'accorde des dons que sur base d'un rapport d'un service social (C.P.A.S. p.ex.). Les Russo sont déçus du manque de soutien du Palais.

Suite à ces demandes, Albert II envoie une lettre personnelle aux parents de Julie et Mélissa le 29 janvier 1996 : "La Reine et moi venons d'exprimer aux parents du petit Nicolas toute notre joie de le savoir à nouveau confié à leur tendresse. Mais dans le même temps, nous pensons à vous qui attendez si ardemment le retour de Julie et Mélissa. Ayant nous aussi des enfants, nous pouvons imaginer et comprendre la souffrance qui est la vôtre. C'est de tout coeur que nous partageons votre espérance. Profondément touchés par la cruelle épreuve qui frappe votre foyer, nous vous souhaitons de garder courage et espoir".

Condamné à quinze ans de travaux forcés en septembre 1994, un pédophile de plus de 80 ans bénéficie d'une grâce royale après seulement quinze mois de détention. Apprenant qu'il était revenu habiter à 5,8 km de la maison de sa victime, sa famille décide d'alerter l'opinion publique en février 1996.

Les réactions ne se font pas attendre. Bien que la grâce royale ait été proposée et contresignée par le ministre de la Justice Stefaan De Clerck, la majorité des critiques s'adressent au chef de l'Etat. Claude Lelièvre, délégué général aux droits de l'enfant, et Marie-France Botte, qui lutte contre la prostitution en Asie, s'étonnent de la signature du Roi, lui qui avait souhaité les recevoir personnellement en 1994 suite à leur pétition contre la pédophilie. Le député Didier Reynders interpelle à la Chambre le premier ministre Jean-Luc Dehaene. Celui-ci lui avoue ne pas être au courant, les grâces royales dépendant du ministère de la Justice.

Durant le premier semestre de 1996, Albert II reçoit en audience Chris De Stoop (journaliste qui avait attiré l'attention du roi Baudouin sur les problèmes de la prostitution), le Révérend Père Johnny De Mot (président de l'asbl Pag-Asa et de l'asbl Adzon qui s'occupent des victimes de la traite des êtres humains) et Marie-France Botte. Le 28 mars, le Roi se rend à l'asbl Pag-Asa, où il participe à une réunion de travail sur l'accompagnement social des victimes de la traite des êtres humains et discute avec plusieurs d'entre elles.

A l'occasion de la fête nationale 1996 (avant le déclenchement de l'affaire Dutroux), le souverain octroie le titre de baronne à Marie-France Botte. Quelques mois plus tard, celle-ci connaît quelques déboires judiciaires sur la gestion de son association et descend de son piédestal médiatique qu'elle occupait depuis les événements d'août 1996. Elle n'a pas renvoyé le document solennel comportant le choix des armoiries que le Roi doit alors signer pour que sa faveur entre en vigueur. Marie-France Botte ne peut donc pas porter le titre de baronne...au grand soulagement du Palais.

Albert II évoque les tensions communautaires dans son discours de la fête nationale 1996 : "Quant à la préoccupation du citoyen par rapport à l'évolution institutionnelle de l'Europe et de notre pays, il faut bien constater qu'elle est nourrie surtout par le regain de certaines formes de nationalisme. Notre pays a opté résolument pour le fédéralisme, tant sur le plan européen que dans notre propre constitution révisée de 1993. En Europe, cette volonté fédérale implique l'obligation d'action commune, là où la nature des problèmes l'impose et le respect de la diversité.

En Belgique, le choix fédéral, qui implique le rejet de toute forme de séparatisme, explicite ou larvée, n'est pas dicté par un certain conservatisme. Nous devons bien comprendre pourquoi il est important de préserver et même de renforcer notre vie en commun tout en respectant l'identité propre de chacun. L'histoire a tissé entre les habitants de toutes nos régions et communautés de très nombreux liens personnels, familiaux, culturels, économiques. Ce tissu est d'une très grande richesse humaine. Des valeurs communes ont été développées ensemble qui appartiennent aujourd'hui au patrimoine de chacun de nous.

Ces liens, ces valeurs contribuent à fortifier notre ouverture naturelle, notre tolérance et notre accueil de l'autre. Vouloir couper ces liens créerait beaucoup de souffrances et nous appauvrirait non seulement économiquement, mais aussi humainement et culturellement.

Par contre, en montrant que des populations de cultures différentes peuvent vivre harmonieusement dans un système fédéral, nous participons à un projet exemplaire pour l'Europe et pour le monde. Nous apportons alors la preuve qu'un équilibre est possible entre la nécessaire union et le respect de la diversité. Le maintien de la diversité culturelle de notre pays constitue un grand atout et un exemple pour l'Europe. En défendant la cohésion du pays, nous témoignons de notre volonté d'ouverture, nous nous inscrivons dans un projet d'avenir qui refuse le retour aux nationalismes étriqués du passé.

Dans ce contexte-là, je veux aussi souligner le rôle unique et positif que Bruxelles se doit de jouer comme trait d'union. C'est à l'occasion de notre fête nationale de 1984 que le roi Baudouin rappelait opportunément, et je le cite : "Bruxelles, capitale de la Belgique, de deux de nos communautés, et de l'Europe, a une vocation naturelle pour unir et accueillir" (fin de citation). Aujourd'hui, cette vocation demeure plus importante que jamais et nous devons tout faire pour l'encourager. Ici également, il s'agit de promouvoir les valeurs d'ouverture aux autres et de tolérance".

Dans ce discours, le Roi évoque aussi la situation économique : "Plus de 10% de la population active est en chômage en Europe et dans notre pays. Ce phénomène engendre une crainte chez les jeunes qui se demandent si les efforts qu'ils auront consentis durant leurs années d'études leur permettront de trouver un travail correspondant à leur formation. J'ai senti cette préoccupation tant au nord qu'au sud en visitant des bureaux de chômage à Beveren et à Jodoigne (...) L'inquiétude par rapport au chômage doit, au niveau individuel, inciter chacun à perfectionner sa formation et sa qualification, donc ses chances de trouver un emploi. Au niveau collectif, une action concertée encouragera l'éducation tout au long de la vie, elle exprimera aussi une priorité à l'emploi plutôt qu'à l'accroissement des rémunérations et s'efforcera d'introduire plus de flexibilité dans l'organisation du travail et une meilleure répartition du temps de travail. Enfin, favorisons résolument toutes les initiatives qui luttent contre la dualisation de la société, notamment les entreprises sociales. Une formation adéquate ainsi qu'une politique dynamique et solidaire de l'emploi doivent diminuer l'inquiétude par rapport au chômage".

Il fait ensuite la transition avec le racisme : "Lorsque les difficultés économiques s'accumulent, la peur de celui qui est autre augmente. Refusons alors de voir cet autre à travers des stéréotypes, des images fausses et démagogiques. Encourageons sans cesse l'intégration, combattons énergiquement les égoïsmes collectifs qui cherchent à rejeter la cause des difficultés sur l'autre et réfutons les arguments simplistes qui veulent semer la crainte".

Le 15 août 1996, les enquêteurs découvrent dans une cave de Marcinelle Sabine (kidnappée le 28 mai à Kain) et Laetitia (kidnappée le 9 août à Bertrix) saines et sauves. Aussitôt éclate l'affaire Dutroux, du nom du propriétaire de la maison et bourreau des deux jeunes filles. Deux jours plus tard, on retrouve dans une autre propriété de Marc Dutroux les corps de Julie et Mélissa, disparues le 24 juin 1995 à Grâce-Hollogne. Enfermées plusieurs mois à Marcinelle, elles sont mortes de faim et manque de soins avant d'être enterrées à Sars-la-Buissière.

L'émotion submerge le pays tout entier : les émission de télévision et de radio sont remplacées par des flashs spéciaux et de la musique classique, des Belges apposent un crêpe noir sur l'antenne de leur voiture ou mettent le drapeau national en berne, des pétitions commencent à circuler, des centaines de personnes partent à Grâce-Hollogne pour déposer des fleurs devant la maison de Mélissa et se recueillir au funérarium.

Le Palais publie le 20 août un communiqué faisant part de la tristesse des souverains. La presse le considère comme trop tardif et reproche au couple royal de ne pas revenir de leurs vacances à Châteauneuf-de-Grasse. En fait, le Roi et la Reine auraient exprimé le souhait de revenir en Belgique, mais le premier ministre leur aurait dit par téléphone qu'il ne couvrirait pas cet acte et qu'il resterait, lui, en vacances en Sardaigne. Jean-Luc Dehaene n'avait pas mesuré l'ampleur de l'émotion, considérant l'affaire Dutroux comme un simple fait divers. Souhaitant ne pas créer une crise de méfiance entre le gouvernement et lui, le Roi serait resté contre son gré dans le sud de la France.

Le Palais annonce ensuite la présence d'un représentant du Roi aux funérailles télévisées de Julie et Mélissa à la basilique Saint-Martin de Liège. Les parents refusent cette venue. On évoque le protocole qui veut que l'aide de camp d'Albert II assiste à la cérémonie dans le choeur, arrive le dernier dans l'église, et parte le premier, ce qui ne plaisait guère aux parents souhaitant reléguer les personnalités présentes au second plan. Ils reprochaient aussi au Roi la grâce royale accordée à un pédophile et son manque de soutien concret au cours de la recherche de leurs filles.

Face à la première grande crise de leur règne, comment Albert et Paola allaient-ils faire pour se retrouver en adéquation avec les sentiments et l'émotion de leur peuple?

lundi 10 octobre 2011

Le rôle politique du roi Albert II en 1995

Pour la première fois de son règne, Albert II accorde, en janvier 1995, le titre honorifique de Ministre d'Etat à 11 personnalités politiques de tous les partis démocratiques, afin de les distinguer pour leur engagement au service du pays : Frank Swaelen, Charles-Ferdinand Nothomb, Guy Verhofstadt, Philippe Moureaux, Louis Tobback, Annemie Neyts, Hugo Schiltz, Magda Alvoet, Louis Michel, José Daras et Gérard Deprez.

Le fédéralisme occupe une grande partie du discours royal de Nouvel An 1995 :

"Un des sujets de grande actualité dans le monde d'aujourd'hui est celui de l'unité dans la diversité. C'est un thème important en Belgique lorsque nous tâchons de définir notre fédéralisme. Mais cette problématique est aussi au coeur des débats sur la construction européenne (...) La reconnaissance de la diversité et la volonté d'union sont à la base de notre fédéralisme. En 1976, le roi Baudouin rappelait déjà avec pertinence que "fédérer, c'est unir dans la différence acceptée et non pas dissocier dans l'affrontement".

Huit ans plus tard, il précisait encore sa pensée en disant : "Qu'on me comprenne bien. Ce que je vous demande, ce n'est pas tâcher de gommer nos différences en Belgique. C'est tout le contraire. Ce que je demande à chacun, c'est de vivre pleinement la diversité, de s'enraciner mieux encore dans sa communauté. Mais aussi d'aller plus loin, de mieux comprendre, respecter et apprécier l'autre, et de reconnaître ce qui nous unit. Encourager cette entente des Belges, ce n'est pas favoriser un nationalisme du passé, mais plutôt s'inscrire dans une perspective d'ouverture sur nos voisins immédiats, sur l'Europe et sur le monde" (fin de citation).

Notre démarche de base peut donc se définir ainsi : reconnaître la diversité pour chacun, vivre pleinement son identité propre, mais en même temps ne pas faire de cette diversité une source de division et d'opposition. Au contraire, partant de la diversité reconnue, voir ce qui nous unit au sein d'un même Etat, comprendre que la diversité bien vécue dans l'union est une source de richesse, tant sur le plan culturel que matériel. Pour cela, il est important de ne pas s'isoler dans sa région ou communauté, mais de chercher à mieux connaître l'autre et le respecter. Cela, c'est la démarche intellectuelle de base.

Mais elle ne nous dit pas encore ce qui doit être géré au niveau fédéral et ce qui doit l'être au niveau des régions et communautés. Pour cela, nous devons recourir au principe de la subsidiarité et voir à quel niveau les différentes matières peuvent être gérées le plus efficacement. C'est l'approche qui a inspiré le législateur. J'ai été frappé depuis que notre constitution a été révisée, de constater l'intérêt que de nombreuses autorités étrangères ont pour notre système fédéral. Elles s'étonnent d'une part qu'une réforme si profonde ait pu être réalisée démocratiquement sans violence, et d'autre part que dans l'ensemble, elle fonctionne bien en permettant à des communautés et régions de taille et de culture différentes de vivre harmonieusement dans une même entité.

Mais cette harmonie n'est jamais acquise définitivement, car elle dépend en premier lieu de l'attitude des citoyens. Ceux-ci doivent continuer à être ouverts aux autres cultures, et s'efforcer de développer la convivialité entre les différentes communautés. Cette harmonie dépend aussi de votre attitude à tous, autorités du pays. Il est important que vous gardiez à l'esprit le bien commun de tous nos citoyens et que vous résistiez à toutes les tentatives de division ou aux simplismes consistant à rejeter les difficultés sur les autres. Il y a une attitude de loyauté et de courtoisie fédérales à développer".

De retour d'un voyage officiel aux Etats-Unis, le premier ministre Jean-Luc Dehaene annonce des élections anticipées en mai, car le futur gouvernement - qui devait être élu en octobre - doit, selon lui, élaborer personnellement le budget 1996. Cette législature 1991-1995 a été marquée par la démission de nombreux ministres, le décès du roi Baudouin, la présidence belge de l'Union Européenne lors du deuxième semestre de 1993 et une nouvelle réforme de l'Etat.

A la demande expresse du Roi, en avril 1995, juste avant la dissolution des Chambres, une loi sur la pornographie et la prostitution enfantines est passée à toute allure au Sénat et à la Chambre. D'après les hommes politiques reçus en audience, il insiste régulièrement sur les questions d'ordre moral.

A l'automne 1995, Luc Neuckermans et Pol van den Driessche, journalistes au "Standaard", révèlent dans leur livre "Albert II sur les traces de Baudouin Ier" un avant-projet de loi aménageant la fonction royale en vue de trouver une réponse aux éventuels futurs problèmes de conscience du monarque. Tout le monde avait encore en tête le refus du roi Baudouin de signer la loi dépénalisant l'avortement en 1990. Le monde politique et le Palais redoutaient qu'une telle crise institutionnelle puisse se reproduire au moment où de futures lois sur des questions éthiques (l'euthanasie, le mariage homosexuel, les manipulations génétiques, etc.) seraient soumises à la signature royale.

Aussi les collaborateurs de Jean-Luc Dehaene travaillent dans la plus grande discrétion sur cet avant-projet de loi, en relation étroite avec le Palais et les présidents de partis. Le texte prévoit que lors d'une question éthique fondamentale, le Roi contresigne la loi, non pas personnellement mais en tant qu'institution respectueuse de la volonté des représentants de la Nation.

L'idée évite de reproduire le même scénario qu'en 1990, mais ce procédé rendrait public le soutien ou la désapprobation du Roi sur les projets du gouvernement... Albert II et ses conseillers sont satisfaits du texte mis au point et sont pressés de le voir voté au Parlement. Ils sont contrariés d'apprendre que l'anticipation des élections allait remettre ce texte en question et retarder son adoption. D'après les auteurs de "Albert II sur les traces de Baudouin Ier", l'avant-projet de loi ne réunissait cependant pas le consensus nécessaire au sein de la majorité : les socialistes souhaitaient une fonction uniquement protocolaire pour le souverain (comme en Suède), tandis que les sociaux-chrétiens tenaient au maintien des prérogatives royales.

Les élections législatives et régionales du 21 mai 1995 sont inédites à plus d'un titre. Elles réflètent la nouvelle Belgique fédérale : d'une part, le pouvoir de la Chambre est renforcé au détriment du Sénat et d'autre part, les Belges peuvent, pour la première fois, élire directement leurs députés régionaux. En outre, ce sont les premières élections législatives du règne du roi Albert.

En Flandre, le CVP reste le premier parti, le SP renforce son score de 1991 malgré le scandale Agusta, et le Vlaams Blok continue sa progression, étant toujours le premier parti à Anvers. A Bruxelles, la fédération PRL-FDF et le PS remportent les élections. Dans le sud du pays, le PS perd quelques plumes, le PRL-FDF prend la place de deuxième parti de Wallonie au PSC, Ecolo régresse et le Front National ne fait pas une hausse aussi gigantesque que prévu.

Dans la semaine qui suit les élections, le Roi reçoit les présidents sortants de la Chambre et du Sénat, le premier ministre, les présidents des partis démocratiques, le directeur de la Banque Nationale et les représentants syndicaux. Il nomme ensuite formateur Jean-Luc Dehaene qui accomplit cette tâche en un temps record. Le 22 juin, le gouvernement fédéral Dehaene II (CVP-PS-SP-PSC) prête serment devant Albert II.

En juillet, le Roi octroie des insignes royaux à Guy Spitaels (PS), Léo Delcroix (CVP), Guy Coëme (PS), Frank Van den Broucke (SP), Alain Van der Biest (PS) et Guy Coëme (PS), tous impliqués dans des "affaires" (Agusta p.ex.), ainsi qu'au comte Thierry de Looz-Corswarem, élu du Front National. Beaucoup de Belges sont choqués de cet arrêté royal. Certains anciens combattants renvoient leurs décorations au palais royal, accompagnées d'une lettre de reproches. En fait, il est de tradition que le ministre de l'Intérieur propose au Roi le nom des femmes et hommes politiques siégeant depuis huit ans au parlement fédéral. Ceux-ci obtiennent les insignes de chevalier de l'Ordre de Léopold. Au fur et à mesure que leur nombre d'années de présence augmente, ils deviennent successivement Commandeur, Grand Officier et Grand Cordon. Rappelons qu'Albert II est le Grand Maître de l'Ordre de Léopold.

Le Roi tente de calmer la colère des anciens combattants en évoquant le cinquantième anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale dans son discours de la fête nationale 1995 :

"Tout d'abord, une grande reconnaissance s'est exprimée et je m'en réjouis, vis-à-vis de tous ces hommes et ces femmes qui ont lutté et souffert pour que nous puissions vivre dans un pays libre. Beaucoup de jeunes ont eu l'occasion de mieux se rendre compte du prix payé par leurs aînés, notamment à travers cette belle exposition "J'avais 20 ans en 1945" qui retrace si bien les événements mais aussi le contexte et l'ambiance de l'époque.

Il y a ensuite l'émerveillement devant le chemin parcouru ces cinquante dernières années. C'est l'épopée de la construction européenne, basée sur le rapprochement et la réconciliation entre des peuples jadis ennemis. Quelle aventure exceptionnelle et exaltante notre continent a vécu durant ce demi-siècle, passant de l'hostilité entre nations à l'union pacifique de 15 pays au sein d'un même ensemble politique. J'ai également entendu l'appel répété à la nécessaire vigilance dans la défense des valeurs de liberté, de démocratie, de tolérance et de solidarité. Car ces valeurs ne sont jamais acquises de façon définitive ni chez nous, ni ailleurs. On a vu ces dernières années les tentations de racisme et de nationalisme exacerbé relever la tête. Tout près de nous, en Bosnie-Herzégovine, on voit chaque jour à quelles horreurs ces passions déchaînées conduisent.

Il y a enfin le message d'espoir pour l'avenir. Il a été bien exprimé à Forest National par des jeunes de nos communautés flamande, française et germanophone et par d'autres venant de pays d'Europe occidentale, centrale et orientale. Pour eux, l'aventure européenne doit continuer, notre Union doit à la fois s'approfondir, mais aussi rester ouverte, développer de nouveaux liens avec les pays de l'autre Europe, qui elle a été libérée plus récemment d'un autre joug totalitaire, le communisme. Il y a là aussi tout un monde à reconstruire, des oppositions entre peuples à surmonter, des démons nationalistes à conjurer. Et puis, cette Europe n'a de sens que si elle, à son tour, après avoir fait la paix en son sein, peut aussi transmettre ses valeurs de solidarité, de respect des droits de l'homme aux autres régions du monde. Une Europe repliée sur elle-même, égoïste et matérialiste, n'a pas de sens et ne peut inspirer les jeunes.

Notre pays a joué et continue de jouer un rôle important dans la construction européenne. Nous pouvons en être fiers. La vision, l'imagination et le sens du compromis de bien des responsables de notre pays ont constitué jadis et continuent à être aujourd'hui des atouts précieux dans cet effort commun. Nous pouvons également y contribuer : d'une part en faisant fonctionner harmonieusement notre fédéralisme en Belgique qui peut avoir une valeur d'exemple pour l'édification européenne, et d'autre part en remplissant les conditions pour adhérer à l'Union Economique et Monétaire et à la monnaie unique. Celle-ci favorisera la croissance de nos économies et stimulera l'emploi".

Lors de son voyage d'Etat en Allemagne en juillet 1995, le roi Albert évoque à nouveau le fédéralisme : "Il y a deux ans, la Belgique fut transformée en un Etat fédéral. Aujourd'hui, nos trois communautés linguistiques (dont la communauté germanophone) et nos trois régions disposent d'une grande autonomie ayant des compétences dans des secteurs importants. Les élections de mai dernier ont parachevé nos structures fédérales. Pour la première fois, nos assemblées régionales ont été élues directement, tandis que notre Sénat a été transformé en une chambre de réflexion, où se rencontrent des représentants de l'autorité fédérale et des entités fédérées.

Je tiens à rappeler que cette réforme fondamentale des structures de notre Etat découle d'une évolution graduelle, qu'elle fut préparée dans un esprit de dialogue et d'harmonie et qu'elle ne vit son aboutissement qu'après un débat démocratique au parlement. Alors que plusieurs régions du monde et de notre continent en particulier sont déchirées par des conflits et par l'intolérance, nous avons fait preuve en Belgique d'un sens réel de mesure, de tolérance et de compréhension réciproque.

L'expérience acquise démontre que notre système fédéral est fondamentalement sain. Il est d'ailleurs avant tout pragmatique. L'expérience nous apprend aussi que nos nouvelles institutions fonctionnent bien et jouissent du soutien et de la collaboration active de la grande majorité de la population. Cela est particulièrement réjouissant. Le citoyen considère la Belgique fédérale comme un enrichissement, car son caractère social propre et son identité culturelle spécifique s'y trouvent, mieux qu'auparavant, mis en valeur".

En septembre, le Roi se rend à la maison communale de Chaudfontaine afin de s'incliner devant la dépouille mortelle du ministre d'Etat et président du PRL Jean Gol, et présenter ses condoléances à sa famille. Quelques jours plus tard, il reçoit en audience le président intérimaire du PRL Louis Michel.

La lutte contre le racisme et la xénophobie est un combat qu'Albert II mène sur le long terme. Ainsi en 1995, il reçoit en audience Aziz Charkaoui (l'un des premiers échevins belges d'origine étrangère), Anita Gradin (commissaire européenne responsable notamment de la politique d'asile et d'immigration) et Johan Leman (directeur du Centre pour l'Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme). Lors d'une rencontre avec les bourgmestres de notre pays en avril, il leur fait une proposition concrète : "Dans les grandes villes où l'immigration a été importante, il est recommandé d'augmenter la présence d'allochtones dans les forces de police. L'expérience d'autres pays montre que cette mesure contribue à long terme à plus de sécurité et à une meilleure entente entre les communautés d'origines différentes".

Dans son discours de Noël 1995, le Roi encourage les Belges à faire preuve d'ouverture vis-à-vis des autres communautés : "Dans notre pays, il y a une manière spécifique d'être solidaire, c'est de marquer de l'intérêt et du respect pour ceux qui appartiennent aux autres communautés. S'intéresser à la culture de l'autre, à son histoire, apprendre sa langue, nouer des liens personnels dans les autres communautés, sont autant de formes de solidarité et de tolérance. N'est-ce pas cela faire preuve de civisme fédéral au quotidien? C'est important à une époque où un peu partout, devant les difficultés économiques et sociales, chacun a tendance à se replier sur soi".

lundi 3 octobre 2011

Activités royales en septembre 2011

8 audiences pour le Roi : le président du PS Elio Di Rupo (reçu 3 fois), le premier ministre Yves Leterme (reçu 2 fois), le président de la FEB Pierre-Alain De Smedt, la présidente du parlement wallon Emily Hoyos, et le nouveau président du SPA Bruno Tobback.

0 activité officielle pour les reines Paola et Fabiola.

16 activités officielles pour le prince Philippe : 25ème anniversaire de la maison pour enfants de la rue Casa Hogar, inauguration de l'Hôpital Universitaire pour Enfants Princesse Elisabeth à Gand, opéra "Roi Roger" au Théâtre Royal de la Monnaie, visite de l'entreprise de ciments Holcim à Obourg, célébration pour les 10 ans des attentats du 11 septembre, visite du site de la Défense à Marche-en-Famenne, soirée de gala du comité de soutien de Flandre orientale de la Fondation Roi Baudouin, réunion de travail avec l'Unizo, visite du home Tehuis Mariaheem à Beerlegem, visite du Zwalmmolen à Munkzwolm, visite du centre pour seniors Huize Roborst, réception à l'hôtel de ville de Munkzwolm, visite de l'asbl Tejo à Anvers, réunion de travail au siège de la FEB, visite de l'entreprise Floridienne Chimie à Ath, et audience avec Sir Donald Tsang, chef de l'exécutif de Hong Kong.

16 activités officielles pour la princesse Mathilde : 25ème anniversaire de la maison pour enfants de la rue Casa Hogar, inauguration de l'Hôpital Universitaire pour Enfants Princesse Elisabeth à Gand, inauguration du Village du Volontariat à Bruxelles, visite du projet de micro-crédit Microstart, opéra "Roi Roger" au Théâtre Royal de la Monnaie, célébration pour les 10 ans des attentats du 11 septembre, visite de l'asbl Infirmiers de Rue à Bruxelles, soirée de gala du comité de soutien de Flandre orientale de la Fondation Roi Baudouin, visite du home Tehuis Mariaheem à Beerlegem, visite du Zwalmmolen à Munkzwolm, visite du centre pour seniors Huize Roborst, réception à l'hôtel de ville de Munkzwolm, visite de la ferme Hopperuyst à Poperinge, visite de la ferme Warandehof à Alveringem, visite de la ferme Beauvoordse à Furnes, 25ème anniversaire des Plattelandsklassen.

12 activités officielles pour la princesse Astrid : visite du centre pour handicapés Nos Pilifs à Bruxelles, réunion à Apeldoorn du comité d'honneur de l'International Paralympic Committee, dîner de l'association Europae Thesauri au château de Brissac, inauguration de l'exposition "Dies Solemnis", concert à la cathédrale d'Angers, 10ème anniversaire à New York du Partenariat Roll Back Malaria, réunion de travail sur la malaria avec le président de l'Union Africaine, réunion de travail sur la malaria avec l'épouse du secrétaire-général de l'Onu, réception à l'ambassade belge à New York, 125ème anniversaire de la Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal en Letterkunde, spectacle pour les 40 ans de relations diplomatiques entre la Chine et la Belgique, 20ème anniversaire de l'aéroport de Charleroi.

5 activités officielles pour le prince Lorenz : dîner de l'association Europae Thesauri au château de Brissac, inauguration de l'exposition "Dies Solemnis", concert à la cathédrale d'Angers, 125ème anniversaire de la Koninklijke Academie voor Nederlandse Taal en Letterkunde, spectacle pour les 40 ans de relations diplomatiques entre la Chine et la Belgique.

5 activités officielles pour le prince Laurent : 50ème anniversaire de l'association Espaces Verts et Art des Jardins, visite du projet de transformation du site Ruggeveld à Deurne, conférence sur le changement climatique et la mer, séance de clôture du workshop "Les chats dans les refuges", inauguration de la journée portes ouvertes de la police de Zaventem.

4 activités officielles pour la princesse Claire : 50ème anniversaire de l'association Espaces Verts et Art des Jardins (dont elle est présidente d'honneur), soirée inaugurale à Waterloo des Journées du Patrimoine en Wallonie, visite de l'asbl La Bulle d'Air à Angleur, visite de la Maison pour enfants Reine Marie-Henriette à Bruxelles.

Résumé des activités officielles de janvier à septembre 2011 :

Roi : 125 audiences + 42 activités officielles

Prince Philippe : 143 activités officielles

Princesse Mathilde : 122 activités officielles

Princesse Astrid : 62 activités officielles

Reine Paola : 55 activités officielles

Prince Laurent : 27 activités officielles

Prince Lorenz : 24 activités officielles

Princesse Claire : 17 activités officielles

Reine Fabiola : 14 activités officielles