lundi 22 janvier 2018

Le combat de la reine Mathilde pour la protection de l'enfance

                             

(Article actualisé en septembre 2023)
                      
1. Princesse de Belgique (de 1999 à 2013)

La princesse Mathilde commence son combat en faveur de l'enfance quelques semaines après son mariage :  le 8 février 2000, elle reçoit en audience Lieve Stappers, directrice du centre Child Focus pour enfants disparus et sexuellement exploités. En novembre, Philippe et Mathilde accueillent sur la place des Palais les participants à une marche en faveur de la protection des enfants. Le couple princier accorde son Haut Patronage à l'ONG Plan Belgique. 

Durant le voyage d'Etat de la famille royale suédoise en mai 2001, les ducs de Brabant accompagnent la princesse héritière Viktoria au centre Child Focus, où ils rencontrent Jean-Denis Lejeune, le papa de la petite Julie enlevée avec son amie Mélissa en 1995 à Grâce-Hollogne. En septembre 2001, le prince Philippe, la princesse Mathilde et le chanteur Helmut Lotti (ambassadeur bénévole d'Unicef-Belgique) assistent à la remise à Bruxelles des résultats d'une campagne de pétitions de l'Unicef dans la perspective de la séance extraordinaire des Nations Unies en faveur de l'enfance. Prévue fin septembre, elle est annulée suite aux attentats du 11 septembre et reportée à 2002.


La princesse préside la délégation belge lors de ce 2ème Sommet Mondial de l'Enfance, organisé à New York par les Nations Unies du 8 au 10 mai 2002. Elle est accompagnée notamment du ministre des Affaires étrangères Louis Michel, du ministre de l'Enfance en communauté française Jean-Marc Nollet, des sénatrices Nathalie de T'Serclaes et Sabine de Béthune, ainsi que par des jeunes Belges participant au projet "What do you think?" d'Unicef-Belgique.


Durant son séjour à New York, Mathilde prend plusieurs fois la parole et déclare notamment :   "A chaque rencontre que j'ai avec des enfants, en Belgique ou de par le monde, je m'aperçois qu'un enfant ne demande pas beaucoup pour être heureux. Et que très peu est nécessaire pour les rendre heureux. Mais même ce très peu, on ne leur donne pas toujours.

Notre société attache beaucoup d'importance à la productivité. Elle a souvent moins de patience pour ceux qui ne sont pas productifs : les enfants et les personnes âgées. Pour les enfants, s'y ajoute encore une autre condition : ils sont innocents, sans voix, sans pouvoir de décision, on les écoute peu, leurs opinions ne comptent pas pour grand'chose. Et pourtant, quand on les écoute bien, ils ont beaucoup à dire. Malgré leur situation parfois difficile, les enfants veulent presque toujours faire passer un message positif. Ils cherchent de façon positive à être considérés comme acteurs dans notre société. Ils veulent participer aux changements qui les concernent directement. Ils veulent tout simplement être pris au sérieux.

Ce qui me semble important, c'est que l'enfant puisse être respecté pour ce qu'il est : un sujet de droit et qui a des droits. Les droits de l'enfant constituent une progression, un raffinement des droits de l'homme universels. Ces droits, il faut les promouvoir et les protéger. Les enfants sont une valeur pour la société, tout comme la famille et l'affection qu'ils y trouvent est une valeur pour les enfants. Mais nous, qui façonnons la société, nous avons le devoir de bien accompagner l'insertion des enfants dans cette société. C'est un devoir qui incombe en premier lieu aux parents, à la famille. Ensuite à nos dirigeants, aux responsables politiques et sociétaux. Mais c'est aussi le rôle fondamental de l'éducation".

Mêmes idées dans un autre discours prononcé à New York :    "A travers mon expérience avec des enfants vulnérables, je m'aperçois de plus en plus combien l'éducation joue un rôle fondamental. Et j'entends ici éducation dans le sens le plus large, non seulement à l'école mais aussi, et surtout, à travers les parents, la famille, l'environnement social de l'enfant. Mais en ce qui me concerne, je voudrais souligner ici combien je trouve important le rôle que joue la famille pour d'une part permettre à l'enfant de vivre pleinement son enfance et d'autre part contribuer à son épanouissement et à son développement affectif. Mais le rôle le plus fondamental des parents et de la famille, me semble être celui d'accompagner et de stimuler la progression d'un enfant vers un être humain autonome, responsable, ouvert sur le monde et respectueux d'autrui".

De retour en Belgique, la princesse Mathilde assiste au Sénat à un débriefing de la session spéciale des Nations Unies sur l'enfance. A l'occasion du 50ème anniversaire d'Unicef-Belgique, elle participe à Bastogne en septembre à la Journée des Volontaires de l'Unicef. En décembre 2002, elle rencontre les jeunes participants à la conférence "Enfants, acteurs de changement", organisée par Unicef.

Le 5 juin 2003, Mathilde reçoit en audience Kay Labate, la présidente de "Europe's Children - Our Concern". En décembre, la princesse est l'invitée d'honneur de la 11ème Nuit Internationale de l'Enfance au château de Versailles au profit de la Fondation pour l'Enfance (créée par Anne-Aymone Giscard d'Estaing, ancienne Première Dame de France), puis visite la consultation de nourrissons de l'O.N.E. au centre "Le Bon Lait" à Ixelles qui fête son centième anniversaire. Cette institution offre à des enfants d'âge préscolaire de plus de 40 nationalités différentes un accès à la médecine préventive, à l'éducation, à la santé et à l'aide aux familles. Par sa visite, la princesse souhaite souligner l'importance d'un bon suivi des nouveaux-nés.

Une table ronde sur l'enlèvement parental a lieu le 31 mars 2004 au palais d'Egmont. Mathilde y écoute le témoignage de mères d'enfants enlevés, ainsi que les consuls belges à l'étranger qui sont chargés de trouver une solution acceptable pour les deux parents. En octobre, elle assiste à Bruxelles au lancement de la campagne "L'école, mon droit!" d'Unicef-Belgique qui a pour objectif de scolariser 150.000 enfants au Congo, au Niger et en Roumanie. Un mois plus tard, elle visite l'exposition "L'école, mon droit" aux Halles Saint-Géry. En décembre, la princesse participe à la conférence internationale "Child Abuse and Neglect" à Louvain, et se rend à Copenhague au Danemark pour découvrir l'entrepôt d'approvisionnement central de l'Unicef.

En mai 2005, Mathilde assiste à une réunion de travail au centre SOS Enfants pour enfants abusés et maltraités à Anvers (en 25 ans d'existence, il a traité 30.000 dossiers) et à la remise du titre de docteur honoris causa de l'Université d'Anvers à l'Unicef mondial.

Au cours de l'année 2006, elle préside une nouvelle table ronde à Bruxelles sur la maltraitance d'enfants, elle visite l'asbl De Stobbe (centre d'hébergement pour familles victimes de violence familiale) et elle assiste à Anvers à la Journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants.

En février 2007, la princesse reçoit en audience Sœur Jeanne Devos qu'elle avait déjà rencontrée lors d'une mission économique en Inde. Celle-ci était revenue en Belgique pour la création par la KUL du Fonds Jeanne Devos pour les droits des enfants. Il aura pour but d'accueillir des enfants victimes d'esclavage. En septembre, elle rencontre dans le domaine de Laeken les associations travaillant pour l'enfance invitées par la reine Paola à l'occasion de son 70ème anniversaire.

Trois activités officielles sur ce sujet sont à son agenda de 2008 en Belgique :   rencontre avec la vice-directrice exécutive d'Unicef Hilde F. Johnson, réunion de travail à Bertrix avec l'asbl SOS Enfants, et journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants organisée à Anvers par l'asbl De Stobbe que la princesse avait visitée deux ans plus tôt. En tant que représentante spéciale de l'Unicef et d'Onusida pour la problématique des enfants et du sida , la princesse, le directeur exécutif d'Onusida Peter Piot et la directrice du bureau régional d'Unicef pour l'Afrique occidentale et centrale se rendent au Sénégal pour des visites de terrain et la conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique.

En 2009, Mathilde visite l'asbl Notre Abri à Uccle (qui accueille une cinquantaine d'enfants de 0 à 6 ans, victimes de malveillance, maltraitance ou de carences affectives profondes), assiste à une rencontre organisée par Plan Belgique sur le thème "La violence quotidienne à l'égard des enfants dans les pays en développement", devient présidente d'honneur d'Unicef-Belgique , et célèbre avec les princesses Astrid et Claire le 20ème anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant organisée par le commissaire flamand aux droits de l'enfant Bruno Vanobbergen et le délégué général aux droits de l'enfant en communauté française Bernard De Vos.

La princesse prononce le discours suivant :   "Lorsqu'Unicef-Belgique m'a invitée à la célébration du 20ème anniversaire de la convention relative aux droits de l'enfant, j'ai accepté avec plaisir. Il s'agit d'ailleurs d'un moment symbolique :  c'est en effet la première fois que je prends la parole en tant que présidente d'honneur d'Unicef-Belgique sur les droits de l'enfant et la participation des enfants. La mise en place de la convention relative aux droits de l'enfant doit être vue comme une étape décisive dans l'histoire du bien-être de l'enfant. Le 20 novembre 1989, les Nations Unies adoptaient la convention relative aux droits de l'enfant. Sa genèse n'a pourtant pas été évidente. Depuis, cette convention est devenue un instrument quasi universellement reconnu. Elle donne de la visibilité aux enfants et les reconnaît comme porteurs de droits.

Les enfants peuvent prendre leurs responsabilités pour les choses qui les concernent directement. Et c'est précisément ce qui se passe aujourd'hui avec la présentation du deuxième rapport relatif à l'enfance et à la jeunesse : les enfants ont eu l'occasion d'exprimer leurs problèmes, leurs convictions et leurs souhaits à propos de sujets qui leur tiennent à cœur. Le résultat final est à la hauteur des attentes.

Il est important que les enfants soient entendus et que les adultes les écoutent pour que leur opinion soit prise en compte. Il est important de montrer que les adultes les prennent au sérieux et que les enfants et les jeunes ont leur mot à dire dans le façonnement de leur propre milieu de vie. Les enfants ont droit à un environnement social stimulant qui les aide à se respecter et à développer des capacités sociales. Toutefois, cela ne signifie pas que les enfants peuvent toujours faire ce qui leur plaît. Les enfants doivent apprendre à collaborer, en accord avec leurs parents et leurs enseignants. Ils doivent apprendre à devenir des citoyens responsables au sein de la société. C'est un processus d'apprentissage important. Aussi bien les adultes que les enfants doivent parfois adapter leur pensée pour rapprocher encore plus leurs points de vue.

La convention relative aux droits de l'enfant représente aussi un progrès indéniable pour des millions d'enfants à travers le monde :  le nombre d'enfants scolarisés a augmenté, la mortalité infantile a diminué dans le monde, de plus en plus d'enfants ont accès à de meilleurs soins de santé et à une eau pure. En outre, ils reçoivent une protection particulière pendant les conflits et en situation d'urgence.

Au cours des 20 dernières années, des résultats impressionnants ont donc été obtenus. Ce ne sont cependant pas les défis qui manquent dans l'application de la convention. Aujourd'hui encore, 24.000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque jour des suites de maladies et de privations. Même dans notre pays, les enfants et les jeunes n'ont pas toujours la vie facile et il est donc important d'être à l'écoute de leurs préoccupations, de leurs questions et de leurs propositions. L'opinion des enfants vulnérables dans notre société doit continuer à retenir notre attention particulière".

En 2010, la princesse visite l'asbl SOS Villages d'Enfants - Belgique (à qui elle accorde son Haut Patronage)  en province de Luxembourg, et participe à une table ronde à Liège sur la maltraitance des enfants avec les équipes liégeoises de SOS Famille et de l'O.N.E. , à la conférence européenne sur la pauvreté des enfants (co-organisée par Unicef-Belgique), à une réunion du groupe intergouvernemental permanent Europe de l'Enfance, au colloque "La parole aux enfants" et à la conférence "Les enfants vulnérables en situation d'errance : un défi européen" organisée par la reine Paola au palais royal de Bruxelles.

En décembre 2012, Mathilde se rend trois jours en Haïti pour y découvrir les projets d'Unicef-Belgique. Elle accepte de répondre aux questions de la presse :

"Madame, s'il y a une seule image que vous conserverez d'Haïti, quelle serait-elle?
- Quelque chose qui m'a énormément frappée, c'est que toutes les personnes que j'ai rencontrées étaient souriantes, positives. Elles ne baissaient pas les bras, ne se plaignaient pas. Elles nous ont appris l'humilité, la modestie. J'ai aussi été frappée par le regard des gens. J'y ai senti de la souffrance.

- Comment vous préparez-vous à ce type de mission?
- Peut-on vraiment se préparer psychologiquement? Théoriquement, oui. J'ai rencontré le président d'Haïti et le responsable d'Unicef-Haïti à Bruxelles, j'ai lu beaucoup de livres, j'ai regardé des reportages...mais rien ne vaut la réalité du terrain. Il est difficile de s'y préparer. En tant que mère, j'ai reçu beaucoup d'émotions en voyant ces enfants qui partent déjà avec une faiblesse dans la vie. Dans l'école de mes propres enfants, ils font un projet sur Haïti. Le but est d'aider à la construction d'une école au nord-est de l'île, dans un endroit perdu. J'ai acheté des peintures haïtiennes que je leur montrerai. Si l'école me le demande, je suis prête à y donner un exposé en classe.

- Votre rôle de princesse est-il de montrer ce qui ne va pas dans le monde?
- Cette tâche, je l'ai commencée bien avant que je ne sois princesse. A 18 ans, j'ai passé six semaines dans un projet humanitaire en Egypte. C'était ma première expérience. Il est important que je puisse mettre ma fonction de princesse au profit d'organisations comme Unicef-Belgique".


2. Reine des Belges (depuis 2013)

Après l'accession au trône de son époux, la reine Mathilde continue son combat. Lors d'un de ses premiers déplacements officiels à l'étranger, à New York en septembre 2013, elle soutient le projet de sociétés belges qui se sont engagées à faire respecter les droits des enfants, et rencontre le directeur exécutif de l'Unicef Anthony Lake et le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon. Un mois plus tard, elle assiste à la représentation de la pièce "Heb jij ze wel alle vijf?" sur la pauvreté intergénérationnelle (Unicef-Belgique ayant été impliqué dans la réalisation du dossier pédagogique de cette pièce de théâtre).

A l'occasion de la Journée Internationale des Droits de l'Enfant 2013, la Reine participe à une table ronde organisée par Unicef-Belgique sur les mesures à mettre en place pour lutter contre les inégalités scolaires, le bien-être des élèves et le renforcement de l'enseignant, suite au rapport "L'égalité des chances à l'école? Voilà ce qu'ils en pensent". Le même jour, elle est aussi présente à un concert de la chorale bruxelloise d'enfants Shanti, réunissant des enfants de milieux socio-économiques et culturels différents, qui chante régulièrement pour des enfants malades.

En janvier 2014, la reine Mathilde succède à la reine Paola à la présidence d'honneur du centre Child Focus. Plusieurs activités officielles de son agenda 2014 sont liées à cette problématique :  journée d'étude de l'Université d'Anvers en février sur le cyber-harcèlement à l'égard d'enfants et d'adolescents, table ronde à Bruxelles en octobre sur la lutte contre la pornographie enfantine sur Internet, débat à la FEB en novembre sur l'intégration des droits de l'enfant dans les plans stratégiques des entreprises belges, 25ème anniversaire de la Convention des droits de l'enfant à Auderghem avec 400 élèves francophones et néerlandophones dont les écoles sont engagées avec Unicef-Belgique ("Les Classes du Monde") et Plan Belgique ("Les Ecoles des droits de l'enfant"), deux associations soutenues par la souveraine depuis plusieurs années.

A l'occasion du Safer Internet Day 2015 organisé par Child Focus, la Reine assiste à la projection du film "Disconnect" au cinéma Kinépolis à Bruxelles, suivie d'un débat sur l'utilisation responsable des médias sociaux. Son fils le prince Gabriel est présent dans la salle avec sa classe. Elle se rend également à Genève pour le High Level Event sur le thème Child Online Protection.

En voyage en Ethiopie avec l'Unicef-Belgique (dont elle est présidente d'honneur) en novembre 2015, Mathilde accepte de répondre aux questions de la presse belge :

"Quelles images vous ont-elles marqué?
- Il y a eu plusieurs moments émouvants, comme la vision de cet enfant mal nourri. J'ai pu constater avec mes propres yeux à quel point la malnutrition avait des effets dévastateurs. Il y avait un enfant au stade 1, un autre au stade 2. Une dame a poussé sur le pied d'une fillette :  si l'empreinte restait, c'est que l'œdème n'était pas encore résorbé. J'ai été frappée par l'aspect atonique de cet autre enfant qui toussait, qui ne réagissait pas quand on le touchait. Ces images restent très fort dans la tête. Il y a aussi le témoignage de ce groupe de jeunes filles qui font tout pour changer les mentalités. C'est très courageux de leur part. Elles ont parlé des mariages forcés, de l'excision, tout en signalant l'importance que les garçons soient aussi impliqués.

- Comment avez-vous préparé cette mission?
- On peut le faire de différentes manières. J'ai rencontré beaucoup de personnes en Belgique qui travaillent dans des universités, des hôpitaux ou des ONG qui collaborent avec des Ethiopiens. J'ai aussi vu ce film "Difret" qui parle du combat d'une jeune fille qui a tué son mari qu'elle avait dû épouser car il l'avait violée. J'ai rencontré lundi l'avocate qui l'a défendue et qui est l'héroïne du film. Par contre, on ne peut pas se préparer au niveau émotionnel. Pour avoir une image du pays, il faut rencontrer les gens sur place.

- Vos formations de logopède et de psychologue vous ont-elles aidée à passer de la théorie à la pratique sur le terrain?
- Vous savez, j'étais déjà dans la pratique bien avant de rencontrer mon époux. Mais, oui, c'est vrai, cela m'aide tous les jours. C'est une formation continue.

- A Haïti il y a trois ans, vous aviez dit que vous parliez de ce que vous voyiez avec vos enfants, que vous comptiez bien les emmener un jour pour voir la réalité.
- Il est très important de pouvoir leur parler de ce que j'ai vu. Je le ferai dès mon retour. C'est aussi important qu'ils sachent que d'autres enfants, qui ont le même âge qu'eux, doivent vivre dans des conditions très difficiles. Et pourtant, avez-vous vu leur sourire? C'est un message que je veux passer à mes enfants. J'aimerais, oui, les emmener un jour avec moi, mais chaque chose en son temps.

- Qu'allez-vous faire de toutes ces images, de tous ces messages et ces appels que vous avez emmagasinés?
- On parle beaucoup de ce qu'on a vu dans le cadre d'Unicef. On sait l'importance de continuer à montrer en Belgique ce qui est fait par l'organisation pour changer la vie des gens. Il est très important de donner de la visibilité aux projets de l'Unicef et de mobiliser le peuple belge afin de continuer l'aide aux plus démunis. Mon rôle est de pouvoir donner une voix aux plus démunis. J'ai toujours voulu agir en ce sens depuis que je suis mariée.

- C'est un rôle un peu différent des pop stars, comme Axelle Red par exemple qui est ambassadrice d'Unicef Belgique?
- Heureusement que je ne chante pas! C'est à vous d'estimer s'il y a une différence, mais Axelle Red fait du très bon travail".

La Reine poursuit en 2016 son combat pour la protection des enfants tant dans notre pays qu'à l'étranger :   visite du centre Child Focus avec l'épouse du président allemand, conférence "Children's rights matter :  why Europe needs to invest in children", rencontre à New York avec le directeur-général de l'Unicef et les représentants spéciaux du secrétaire-général de l'ONU sur le sort des enfants dans les conflits armés et sur les violences contre les enfants, lancement du jeu "Dossier 116 000" par Child Focus, visite du centre de réfugiés Makani géré par l'Unicef en Jordanie, table ronde organisée par Child Focus à l'occasion de la Journée Européenne pour la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle.

En février 2017,  après avoir prononcé un discours à une conférence organisée à Bruxelles sur les enfants dans les conflits armés, Mathilde effectue un voyage avec Unicef-Belgique au Laos, au cours duquel elle accepte de répondre aux questions des journalistes :

"Cela vous manque-t-il de ne plus pouvoir partir du jour au lendemain, avec un sac à dos, sans protocole?
- J'ai beaucoup voyagé avec un sac à dos avant que je rencontre mon époux. C'était quelque chose d'intéressant, de fun. J'ai même été en Syrie, en Inde, en Bolivie, etc. J'ai commencé très jeune mon engagement au niveau social. A l'âge de 18 ans, j'ai été volontaire pour une ONG en Egypte, où on a vécu quelques semaines dans des bidonvilles. Chaque âge a ses avantages et ses limites. Dans le cadre de mon voyage au Laos, j'ai pu rencontrer des personnes merveilleuses. J'ai énormément de plaisir à participer à ce type de voyage et j'en garde des aventures uniques.

- Qu'est-ce qui vous a le plus frappée ici au Laos?
- J'ai été très impressionnée par l'hospitalité des personnes que nous avons pu rencontrer, de leur générosité. De leur calme aussi parce que ce sont des personnes très patientes. J'ai été marquée par le projet qui vise à lutter contre la malnutrition, avec ce bébé de neuf mois qui donne l'impression de n'avoir qu'un mois. J'ai bien regardé la courbe de croissance de cet enfant, qui était en dessous de la courbe la plus basse. Le retard est quasiment irrécupérable, d'autant que si vous êtes mal nourri, vous n'avez plus que la moitié du cerveau. Cet enfant, comme tant d'autres malheureusement, va porter les conséquences toute sa vie. Cette maman dépourvue avec son bébé est donc une image qui me marquera. J'ai aussi été interpellée par les jeunes volontaires qui s'engagent dans les écoles gardiennes pour leur fournir un enseignement avant d'entrer en primaire. Ce qui est marquant, c'est que ces volontaires formés par l'Unicef s'engagent pour leur communauté en disposant de très peu d'instruments pour pouvoir interagir avec les enfants.

- Quel impact votre visite a-t-elle pu avoir pour le Laos?
- Les autorités que j'ai eu l'occasion de rencontrer sont sensibles à l'importance d'investir dans l'éducation. Ce que j'essaie de leur dire, c'est que chaque enfant a droit à un enseignement de qualité. Cela m'a frappée de voir qu'ils travaillent avec les communautés des différents villages. J'ai parlé avec le chef d'un village, et tout ce qu'ils font pour éduquer les enfants m'a impressionnée. Tout un programme de prévention pour lutter contre la malnutrition commence à porter ses fruits. Il y a un vrai travail sur le terrain.

- Après un voyage humanitaire comme celui-ci, avez-vous un suivi du Laos?
- L'Unicef me briefe beaucoup. J'ai construit un lien avec la représentante de l'Unicef au Laos. Généralement, ils m'expliquent après comment ça s'est passé.

- Vous ne vous lassez jamais de ce type de voyage?
- Rencontrer des personnes qui se battent pour survivre, on ne s'en lasse jamais. Je suis toujours étonnée que, malgré ce qu'elles traversent, elles gardent le sourire.

- Votre engagement n'a-t-il jamais été remis en cause?
- Jamais! Je n'ai jamais remis en cause une minute de me désengager. J'y crois trop de pouvoir investir dans les enfants".

D'autres activités officielles de Mathilde en 2017 sont en lien avec la protection de l'enfance :  journée d'étude organisée par Child Focus sur la fugue, visite de la halte-accueil Bébé Bus à Sombreffe, visite du call-center Child Line en Inde, démonstration de cricket en lien avec l'Unicef en Inde, p.ex. De passage à Bruxelles pour un sommet de l'Otan en 2017, le nouveau couple présidentiel américain est reçu par nos souverains. La Reine en profite pour organiser une réunion de travail entre Child Focus et Melania Trump.

A l'occasion des 125 ans de la Société Royale Protectrice de l'Enfance (à qui elle accorde son Haut Patronage depuis le décès de la reine Fabiola), Mathilde visite le pensionnat Jules Lejeune à Wezembeek-Oppem en décembre 2017 et le centre pour enfants Henri Jaspar à Watermael-Boitsfort en mai 2018.

Lors du Safer Internet Day 2018, la Reine enregistre un message vidéo destiné aux jeunes contre le cyberharcèlement :

"Les réseaux sociaux sont des moyens très agréables et pratiques pour communiquer entre amis ou exprimer son opinion. Mais vous savez très bien qu'on ne peut pas faire n'importe quoi. S'il vous arrive de poster des messages en ligne, faites preuve de bon sens et respectez les autres. Ne permettez pas que le harcèlement en ligne bouleverse la vie de quelqu'un. Je vous demande à tous de dire non au harcèlement en ligne. Montrez-vous solidaire des jeunes qui sont victimes de harcèlement et ayez l'audace d'en parler. Si certaines choses qui sont publiées en ligne vous inquiètent, vous mettent en colère ou vous rendent tristes, parlez-en. Ne gardez pas cela pour vous. Parlez-en à vos parents, à vos amis ou à d'autres personnes en qui vous avez confiance. Il y a toujours moyen de trouver quelqu'un qui sera prêt à vous écouter et à vous aider. Si vous voyez que d'autres sont victimes de harcèlement ou se font des soucis, faites-vous entendre. Serrez-vous les coudes pour faire face ensemble au harcèlement. N'hésitez pas à dire au harceleur que son attitude est déplacée. C'est vous qui êtes cool, pas lui. Car le cyber-harcèlement, c'est vraiment nul".

D'autres activités officielles de Mathilde en 2018 sont en lien avec la protection de l'enfance :   remise du rapport "What do you think?" d'Unicef Belgique, 20ème anniversaire du centre Child Focus, visite d'un projet de la Fondation des Canadiens pour l'enfance de Montréal, rencontres avec Geert Cappelaere (directeur régional de l'Unicef pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord) et avec Henrietta Fore (directrice exécutive de l'Unicef), visite au stand d'Unicef Belgique dans le parc royal lors de la fête nationale, conférence à New York sur les enfants dans les conflits armés, rencontre avec la représentante de l'ONU pour les violences contre les enfants.

Son combat se poursuit en 2019 en Belgique et à l'étranger :  rencontre avec le représentant de l'Unicef et la ministre de l'Enfance lors de son voyage au Mozambique, visite d'Unicef Corée, table ronde à Liège avec des victimes de proxénètes d'adolescents, des collaborateurs du centre Child Focus et des associations NE(S)T et Surya, rencontre avec Sumedha Kailash (activiste des droits de l'enfant), voyage au Kenya avec la princesse Elisabeth pour découvrir des projets soutenus par Unicef Belgique, 100ème anniversaire de Save the Children à New York, rencontre avec la directrice générale de l'Unicef Henrietta Fore, 30ème anniversaire de la Convention des droits de l'enfant organisés à New York par l'Unicef d'une part, et au Parlement Européen à Bruxelles d'autre part.

En septembre 2019, la Reine prononce un discours lors du 100ème anniversaire de l'Œuvre Nationale de l'Enfance.

En 2020, cela fait exactement 20 ans que Mathilde s'engage en faveur de l'enfance. Et elle continue en 2020 :  discours du Roi devant le Conseil de Sécurité de l'ONU à New York à l'occasion de la Journée Internationale des Enfants Soldats, entretiens par vidéoconférence avec Henrietta Fore (directrice générale de l'Unicef), avec des responsables de l'Unicef en Inde et au Brésil au sujet de l'impact du coronavirus sur le bien-être des enfants, puis avec des jeunes et familles vulnérables à l'occasion de la Journée Mondiale de l'Enfance.

A l'occasion de "Week Tegen Pesten" (Semaine contre le harcèlement) en février 2021, la Reine s'entretient par vidéoconférence avec des experts et des élèves sur le harcèlement et le cyber-harcèlement. Le mois suivant, elle reçoit les responsables de l'asbl "Les mots de Tom" qui lutte également contre le harcèlement scolaire. 

D'autres activités de 2021 sont liés aux enfants :  entretiens par vidéoconférence avec différents responsables de l'ONU et de l'OMS sur les violences contre les enfants, 100ème anniversaire de la Ligue des Familles et du Gezinsbond, débat organisé par l'Unicef sur le bien-être mental des enfants dans le monde,  25ème anniversaire de la marche blanche de Bruxelles, table ronde sur la pauvreté infantile organisée par Unicef Belgique.

La reine Mathilde continue son combat en 2022 :   visite à la ligne d'assistance flamande 1712 (où on lui présente le rapport annuel sur la violence et la maltraitance contre les enfants), visite de l'association The Smile of the Child en Grèce, rencontre avec la directrice générale de l'Unicef Catherine Russell et le président de l'Unicef Belgique Roland Steisel, symposium sur la santé mentale des enfants et adolescents, 20ème anniversaire de Missing Children Europe (dont elle succède à la reine Paola en tant que présidente d'honneur), colloque à Wavre sur la pauvreté infantile. 

La protection de l'enfance reste une de ses priorités en 2023 :  visite de l'exposition sur l'éducation en situation de crise organisée par la Commission Européenne et l'Unicef, 25ème anniversaire du centre Child Focus, activité de l'Unicef à New York en présence de la Première Dame Jill Biden.

Après Haïti en 2012, l'Ethiopie en 2015, le Laos en 2017 et le Kenya en 2019, la Reine se rend en voyage avec Unicef Belgique au Vietnam en 2023. Elle confie à la presse :  "Cela fait partie de mon expérience de logopède et de psychologue, et je peux résumer cela en trois points. 1) Encourager les gens et prendre le temps de les entendre. 2) Les encourager dans ce qu'ils font et les soutenir.  3) Donner une voix aux plus fabiles. J'essaie d'accomplir cela partout où je vais et d'en parler aux autorités concernées. Quand je suis par exemple allée au Congo, j'ai rencontré le docteur Denis Mukwege et je lui ai dit qu'il pouvait compter sur tout mon soutien. C'est mon fil rouge dans toutes mes activités, et j'essaie de m'y tenir". 

Conclusion :    dans le domaine social, la protection de l'enfance est le combat pour lequel la princesse/reine Mathilde s'est le plus engagée depuis son mariage en 1999. Elle soutient les principales associations belges qui s'en occupent (ONG Plan-Belgique,  Unicef-Belgique,  SOS Villages d'Enfants-Belgique, centre Child Focus, Société Royale Protectrice de l'Enfance, Missing Children Europe), comme l'ont fait avant elle les reines Fabiola et Paola.

lundi 8 janvier 2018

Les ministres d'Etat

                           


(Article actualisé en janvier 2023)

1. Qu'est-ce qu'un Ministre d'Etat en Belgique?
C'est un titre honorifique que le Roi peut accorder à des personnalités ayant servi la Belgique (dans la diplomatie ou la politique, par exemple). Ils ne donnent lieu à aucun salaire ou privilège, excepté une place honorifique lors des cérémonies organisées par l'Etat belge. Le choix des nouveaux Ministres d'Etat se fait via un arrêté royal contresigné par un membre du gouvernement fédéral.

2. Un rôle de conseil
Avec leur expérience, les Ministres d'Etat ont pour rôle de conseiller le souverain lors de moments difficiles. Cela peut se faire de deux manières. Le Roi peut réunir le "Conseil de la Couronne" : les membres du gouvernement fédéral, et les ministres d'Etat n'ayant qu'une voix consultative si un vote devait avoir lieu. Depuis l'instauration de la monarchie en 1830, ce Conseil de la Couronne n'a été réuni que cinq fois. C'est le roi Baudouin qui l'a réuni pour la dernière fois en 1960 lors de l'indépendance du Congo.

Durant ses 20 ans de règne, le roi Albert II n'a pas réuni le Conseil de la Couronne, mais il a fait plusieurs fois appel de façon officielle aux Ministres d'Etat lors des crises politiques de 2007 à 2011 :  soit en les recevant en audience pour leur demander conseil, soit en leur confiant une mission de conciliation ou de médiation lorsque les responsables politiques ne trouvaient pas de solution pour former un gouvernement fédéral.

3. Qui sont-ils?
On compte actuellement une trentaine de Ministres d'Etat, dont les anciens premiers ministres et commissaires européens. Il ne reste que deux Ministres d'Etat choisis par le roi Baudouin avant 1993 :  Willy Claes et Philippe Busquin. La majorité des Ministres d'Etat ont été nommés durant les 20 ans de règne du roi Albert II, dont les deux derniers furent l'ancien premier ministre Yves Leterme à la fin de son mandat en 2011, et son chef de cabinet Jacques van Ypersele de Strihou la veille de son abdication en 2013. 

Quant au roi Philippe, il n'a donné le titre de Ministre d'Etat qu'à son ancien chef de cabinet Frans Van Daele lors de son départ à la retraite en 2017, et au premier ministre Charles Michel lorsqu'il a quitté le gouvernement belge en 2019 pour devenir président du Conseil Européen.

4. Hommage
Comme son père, le roi Philippe rend hommage aux ministres d'Etat lors de leur décès :  depuis son accession au trône, il s'est recueilli devant les dépouilles mortelles de Wilfried Martens en 2013, de Jean-Luc Dehaene et Leo Tindemans en 2014, de Jean Defraigne, Andries Kinsbergen et Jacky Morael en 2016, de  Luc Coene et Philippe Maystadt en 2017, de Robert Urbain en 2018. Il est aussi d'usage que le Palais envoie un représentant ou des fleurs aux funérailles nationales des Ministres d'Etat.