mardi 31 juillet 2012

Hausse des dons en 2011 pour la Fondation Roi Baudouin

En ce 31 juillet où on commémore le 19ème anniversaire du décès du roi Baudouin, intéressons-nous à sa réalisation la plus concrète :  la Fondation Roi Baudouin. A l'occasion de ses 25 ans de règne en 1976, il avait refusé tout cadeau personnel et préféré la création d'une fondation.

La Fondation Roi Baudouin est active en matière de pauvreté, justice sociale, santé, développement, migration, démocratie. Elle gère de nombreux fonds (dont les plus connus sont les Fonds Prince Albert, Fonds Prince Philippe et Fonds Princesse Mathilde). Elle emploie 75 personnes à temps plein, mais fait appel à 1.900 bénévoles qui participent en tant qu'experts aux jurys et comités d'accompagnement. Ce sont ces personnes (et non le conseil d'administration) qui choisissent les projets subsidiés par la Fondation. Le plus important prix est le Prix International Roi Baudouin pour le Développement d'une valeur de 150.000 euros (plus d'infos à ce sujet :  http://familleroyalebelge.blogspot.be/2009/05/prix-international-roi-baudouin-pour-le.html). Pour 2011, le budget de fonctionnement de la Fondation avait été estimé à 30 millions d'euros, mais grâce aux dons et legs, il s'est clôturé à 74 millions d'euros. Elle bénéficie aussi de 12 millions d'euros chaque année de la Loterie Nationale.

Malgré la crise économique, la Fondation Roi Baudouin connaît une hausse importante des dons. En trois ans, le nombre de fonds (créés par des individus, des entreprises ou des associations) au sein de la Fondation Roi Baudouin a quasi doublé :  269 en 2009, 451 en 2011 et près de 500 à la mi-2012! En 2011, la Fondation a reçu 51 millions d'euros en dons, legs et création ou alimentation de fonds. Ce qui a permis à la Fondation d'accorder 23 millions d'euros en 2011 à divers projets (contre 19 millions d'euros en 2009 et 16,5 millions d'euros en 2010).

Homme de l'ombre, Luc Tayart de Borms, administrateur délégué de la Fondation Roi Baudouin, s'est confié il y a quelques semaines au journal "Le Soir" :

"Comment expliquer cette croissance des dons en pleine crise économique?
- La réputation et l'expertise de la Fondation. Les gens se posent des questions quant à la manière de gérer leurs biens car il y a une perte de confiance dans d'autres institutions. La Fondation a estimé qu'il y avait là un besoin et essayé de le remplir, en créant un centre de philanthropie. Des gens créent donc des fonds au sein de la Fondation, avec des objectifs divers, et nos conseillers les aident à s'assurer que leurs biens seront utilisés intelligemment. La plupart sont des personnes d'un certain âge qui font des investissements moins risqués. Ce sont majoritairement des gens qui n'ont pas d'enfants, surtout des femmes, qui, à la fin de leur vie, veulent pouvoir dire que leurs biens iront à telle ou telle cause. Ce ne sont pas des super riches, mais la classe moyenne supérieure. Il y a des gens qui donnent des oeuvres d'art, pour en garantir la pérennité et l'exposition dans un musée ; d'autres financent des recherches scientifiques sur les maladies rares, ou des projets contre la pauvreté ; d'autres encore donnent des fonds pour le développement ou une ONG. Jusqu'il y a 20 ans, la majorité des legs allaient à la Fondation elle-même ; désormais, la plupart vont spécifiquement à une cause. Ce potentiel existe dans d'autres pays également, notamment en raison de la perte de confiance en d'autres institutions.

- Vous tenez beaucoup à l'indépendance de la Fondation. Elle n'est pas au service du Palais?
- Dès le début, la Fondation fut indépendante. On aurait pu dire que c'était une fondation bon chic bon genre créée pour l'establishment, mais ce n'est pas ce qui a été fait. Le mérite en revient à mon prédécesseur Michel Didisheim et au président de l'époque André Molitor qui en ont fait une fondation tout à fait ouverte et ont imaginé de travailler avec des comités d'experts et des jurys indépendants. Dans 98% des cas, ce n'est pas la Fondation qui décide qui reçoit l'argent, mais un jury. Donc oui, l'indépendance, c'est essentiel.

- C'était le cas sous le roi Baudouin?
- Le roi Baudouin a quand même eu une influence sur les premières orientations, les premières années. Moi, j'ai toujours voulu positionner la fondation en faisant abstraction de la Belgique ou de la dynastie, sans renier nos racines. Nous sommes une fondation à la mémoire du roi Baudouin, avec les valeurs sociales (pas religieuses) du roi Baudouin, mais avec un conseil d'administration et 1.900 experts qui nous alimentent en idées et défis d'aujourd'hui. C'est pour cela que les thématiques ont évolué, même si le core business reste le social, la pauvreté, la santé. Et nous abordons les problèmes de la société avec l'ouverture et le pluralisme qui sont les nôtres.

- Quelles sont les relations actuelles entre la Fondation Roi Baudouin et le Palais?
- Le Palais est représenté au conseil d'administration. On écoute ses représentants comme on écoute les autres. Ils n'ont pas nécessairement une voix privilégiée ; on est respectueux, on fait attention car on porte le nom d'un roi, mais çà ne nous empêche pas de toucher à des problématiques sensibles. Ainsi, on a travaillé sur la fin de vie ou les tests génétiques, et on soutient des projets consacrés à l'homosexualité. Concrètement, j'ai des contacts pas très réguliers avec Jacques van Ypersele de Strihou qui siège au conseil. Il y a aussi des contacts avec les Maisons, par exemple celles de Philippe et Mathilde pour le Fonds Prince Philippe et le Fonds Princesse Mathilde. Tous deux assistent d'ailleurs aux réunions du comité de gestion de leur Fonds, mais ces fonds respectent les règles du jeu. Comme la reine Fabiola, présidente d'honneur depuis 1993 de notre Fondation, qui ne s'est jamais mêlée de notre fonctionnement.

- Le prince Philippe a parfois essayé de s'opposer à certaines décisions?
- S'opposer, non. Il a parfois posé des questions sur certaines sélections, par exemple. Mais ce sont les jurys qui décident. Et je n'ai pas eu de pression disant "çà, vous ne pouvez pas faire".

- On vous reproche de soutenir certaines causes?
- Non, car nos décisions sont consensuelles. Les gens qui sont au conseil d'administration ne sont pas là pour défendre leur agenda, mais celui de la Fondation. Cela vaut pour le Palais comme pour les partis politiques. On n'est sous la coupe de personne".

1 commentaire :

  1. On ne peut qu'applaudir le choix du roi Baudouin de voir créér une fondation comme cadeau à l'occasion de ses 25 ans de règne, et qui aujourd'hui est l'une des plus active et importante fondation belge.

    Pluraliste, j'apprécie tout particulièrement l'action qu'elle mène en faveur du patrimoine belge (achats, dons ou gestion de fonds). Même si toutes ses autres domaines d'action sont tout aussi importants !

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